13 juillet 2011

Indexation des salaires de DSK et Christine Lagarde

Ce n’est pas nouveau: beaucoup d’institutions internationales ou d’instituts économiques s’en prennent volontiers à notre mécanisme d’indexation automatique des salaires, l’une des caractéristiques essentielles du modèle de prospérité belge. L’OCDE (cette semaine encore), la Commission européenne (dans ses prescrits en faveur de la Gouvernance économique), la Banque centrale européenne et notre propre Banque nationale s’inspirent apparemment les uns des autres pour rédiger leur livre de recettes économiques.
Le FMI (Fonds monétaire international) ne vaut somme toute pas mieux. Ainsi, on pouvait encore lire dans son dernier rapport sur la situation économique de notre pays: «Pour accroître la flexibilité dans les négociations salariales et, de cette manière, tenir compte des circonstances différentes des divers secteurs et des effets de second tour liés à la volatilité des prix de l’énergie, il faut réexaminer le mécanisme d’indexation automatique des salaires, y compris dans le secteur public».
Nous avons donc cherché à savoir comment le FMI traite son propre personnel.
Nous n’avons pas réussi à retrouver la politique salariale appliquée pour Jane, assistante administrative, ni pour Jimmy, économiste junior. Par contre, nous n’avons pas dû chercher très loin pour trouver les conditions contractuelles de DSK, l’ancien dirigeant du FMI, ou de Christine Lagarde, qui lui a récemment succédé. Ces conditions figurent dans leurs lettres de nomination respectives, publiées sur le site du FMI. En termes de rémunération, aucune des deux personnalités n’a à se plaindre. Avec un salaire annuel non imposable de 467.940 $, une indemnité forfaitaire de représentation de 83.760 $ et une indemnité journalière non spécifiée pour les déplacements à l’étranger qui vient s’ajouter aux frais de voyage et d’hôtel, le Managing Director ne concurrence certes pas encore les grands de Wall Street, mais sa rémunération peut difficilement être qualifiée de «misérable». DSK et Christine Lagarde n’ont pas non plus à se plaindre de l’indexation automatique de leur confortable rémunération. Prenons la clause 3d des conditions de nomination: tant le salaire que l’indemnité de représentation sont adaptés chaque 1er juillet à l’augmentation en pour cent de l’indice des prix à la consommation de Washington DC. Il ne s’agit donc pas de l’indice des prix moyen des Etats-Unis. Non, cette adaptation est basée sur l’évolution des prix de la région, où l’inflation est supérieure à la moyenne, sans correction pour le tabac, l’alcool et les carburants. Car à Washington DC, personne n’a jamais entendu parler d’un indice santé. Le résultat est facile à calculer: en 3 ans et 9 mois (la période entre la nomination de DSK et celle de Christine Lagarde), le salaire est passé de 420.930 $ à 467.940 $, soit une augmentation moyenne annuelle de 2,86 %. Et nous recevons des leçons de ce genre de personnages, Christine Lagarde en tête, elle qui a contribué à la mise en place du pacte franco-allemand pour la compétitivité, atténué depuis en devenant le Pacte euro plus, dont le but était de proscrire les mécanismes d’indexation automatique dans toute la zone euro.

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